الاثنين، 25 أكتوبر 2010

Manif 22 mai, les dessous des cartes, ou ma vérité a moi. (Partie 9)

Avant-propos :

L’avant propos de la partie précédente s’applique également a cette partie ainsi qu’aux éventuelles parties suivantes.

Samedi, dimanche : l’apothéose

Aussi bizarre que ca puisse paraitre, les jours J, et J+1 étaient les plus calmes pour moi, certainement vu que je ne sois plus que spectateur, que c’était juste l’heure de récolter... Anyway, je continue la ou je me suis arrêté dans le précédent épisode.

Il est 23h ou un peu plus, Je suis devant chez moi, le monsieur de l’interrogatoire ne part pas, il attend que j’entre chez moi, je le regarde et je reviens vers lui, pour lui demander si ma famille est au courant, il répond que non.

J’entre chez moi.

Tout le monde dormait, sauf mon frère, il m’ouvre, me regarde, je n’ai pas de traces de violences sur moi, il ne dit rien, il rentre dans sa chambre.

Je le suis, je prends son téléphone pour faire une vidéo.

J’ouvre mon portable, je reçois une trentaine de sms à la fois et le téléphone commence à sonner, je commence à répondre, et c’est en ce moment que je me rends compte que j’étais fatigué et déstabilisé par la journée que je venais de passer.

La plus part des gens voulaient avoir de mes nouvelles, voulaient savoir si c’était moi qui a écrit le texte sur la page de nhar 3la 3amamr, et a un certain moment, j’en pouvais plus, j’ai juste refermé mon téléphone.

Je fais une vidéo en essayant de paraitre le plus solide possible, après tout, je voulais sortir du cercle de la victimisation, de jouer a cosette, et de se lamenter, je voulais donner une image positive, qui porte un espoir, et qui casse le mythe de la police qui torture automatiquement et systématiquement, je voulais passer un message qu’il y a suffisamment de marge de manœuvre , suffisamment d’espace pour essayer de changer les choses, et qu’allumer une allumette, vaux 10000 fois mieux que d’insulter l’obscurité, je voulais dire que c’est possible d’essayer, sans finir automatiquement en prison, sans passer par la case départ et sans prendre 20000 dinars.

Je savais que ce n’est pas le genre d’histoires que quelques ONG aiment, que les gens ont l’habitude d’entendre, que peut être si je dramatise, je joue la martyre j’en aurai plus a gagner en terme d’image, mais justement, je m’en foutais de l’image, je ne faisais pas de la politique moi.

J’ai même pensé ne pas parler du tout de l’arrestation, et essayer de briser cette spirale de la peur, pas l’intensifier, mais slim a déjà posté sa video, et il en a déjà parlé.

Donc je fais ma video, aussi bien que je pouvais, d’habitude c’est slim qui filme, la j’étais seul donc pour le cadrage c’était très approximatif.

D’ailleurs je me rappelle qu’il y en a un sur facebook, qui a dis il ne montre pas sa bouche, c’est surement qu’elle est amochée et fracassée.

Je me connecte sur le groupe, je vois que j’en fais plus partie, j’ai bien compris que c’était une simple mesure de sécurité au cas où j’aurais donnes mes identifiants au policiers.

J’envoi un mail au groupe, on me réintègre, je parcours diagonalement la « gestion de crise » pendant l’arrestation.

Sur FB beaucoup de gens que je connais demandent à confirmer mon identité, surtout après la maladresse des policiers qui ont insisté que je poste le message que « el 9eyada » voulait.

Je réponds à quelques uns.

Smokes the day’s last cigarette, et je m’en dors, dans le salon, tout habille, lumière et télé en marche, en fait je m’effondre.

Je me réveille le jour J, samedi le 22 Mai.

J’ouvre mon portable, et je consulte ma messagerie facebook.

Je trouve plusieurs messages, mais il y’en a quelques uns qui n’étaient pas comme les autres, qui se résument en « 5ssara saybouk 7abithom ini**** bech tetraba tetboureb 3le el 7akem ».

Je n’ai pas Al Jazeera chez moi, donc je n’ai pas pu suivre l’émission qu’ils ont fait sur la censure en Tunisie, ni la couverture de la manifestation de Paris.

Je regardais ca sur Facebook.

Et les premières photos de gens en T-shirt blanc commencent à êtres postés sur le net.

Et la, je réalise que nhar 3la 3ammar, était une réussite.

La police était la, les attendait, ils savaient que la police était la, mais ils sont venus.

Pas de têtes grillés, mais des gens normaux, monsieur tout le monde, pas en se préparant a la bagarre, mais avec le sourire, ils sont descendus dans la rue, exprimer une position, un dérangement.

J’ai beau cherché, mais a part la révolte du pain, et les histoires de gaza et Iraq, je n’ai pas trouvé dans ma mémoire, un autre mouvement qui a poussé des gens normaux, pas des militants engages, des messieurs tout le monde, a descendre dans la rue, a se regrouper, et a exprimer une opinion politique aussi explicitement dans la rue.

J’étais fier, content, et rassuré, oui le risque que j’ai pris valait la peine, d’autant plus que ce n’était pas des pseudos, c’était des gens réels, en chair et en os.

La journée se passe sans incidents, au moins a ma connaissance.

J’appelle Slim : Ahla bel battal, il me répond : Ahla bel battal le5er. On décide de se voir dimanche avec tout le groupe.

Dans tous les messages, coups de fils, sms que j’ai reçu, il y’a un sms qui m’a spécialement touché.

Je ne connaissais pas le numéro, je lui réponds par un sms, pour demander c’est qui, il me répond que « mouwaten tounssi » sans plus.

J’ai passé la nuit à fumer, et à voir et à revoir les photos des pulls blancs, en boucle sans cesse.

Dimanche, on va se voir, il y’aura Slim, Hana, Azyz et moi, MBL s’est excusée pour des raisons personnelles.

On se voit chez Slim, qui sort le grand jeu, et nous offres deux excellentes bouteilles, Malek khadraoui était avec nous en e-conférence (je suppose qu’il paye jusqu'à aujourd’hui le prêt qu’il a du prendre pour sa facture de téléphone).

La grande surprise, viens de Slim, qui annonce, tout simplement, l’air de rien, entre le fromage et le dessert, que « 3ale9 sabbat ». Qu’il ne fait plus partie du groupe et que pour lui tout s’arrête autour de cette table.

On n’essaye ni de comprendre, ni de le convaincre. Juste on accepte . On finit la soirée. On rentre.

Manif 22 mai s’est officiellement terminé le dimanche 23 mai, un peu avant minuit.

je finirais par ce message que je transmet comme je l'ai recu de la part d'un citoyen tunisien vivant au Canada :

"je voulais te dire que ce que tu as fait m'a permit de dépasser un peu la barrière de la peur meme si c'est juste sur facebook je lis attentivement tes notes je voulais te dire que le jour ou j ai appris votre arrestation j ai contacté radio canada pour les informer j'apprecis ce que tu as fait et je t en remercie je ne suis pas engagée politiquement et je ne le serais jamais mais j ai appris grace a vous que si on pouce un petit peu les limites de la peur et qu on refuse de se soumettre à l injustice les choses changerons merci encore"








A partir du prochain épisode, je ne parlerais plus de la manifestation, mais de l’après manifestation, que ce soit au niveau du groupe, ou au niveau des évolutions et retombés sur ma personne.

J’attendrais toutes les questions concernant tout ce qui a été publié jusqu’ici, et si les questions sont assez nombreuses, j’en ferais un épisode, avant de clôturer complètement cette partie.

Je suppose que les dessous, révélations n’ont pas été nombreuses jusqu'à ici, vu que cette manifestation a était organisée dans un groupe public, il y’a eu les vidéos qui résumaient presque tout, ce qui ne sera pas le cas pour les épisodes suivants. ;)

هناك تعليقان (2) :

  1. On dirait un polar russe, sauf que c'est mon pays, c'est ma Tunisie, et c'est du vrai et du vécu.
    Et j'attends la suite...

    ردحذف
  2. Yassine emchi 3ad, echa3b yestanna ;-)

    ردحذف