Non, je m'en lacerai pas. Non, je n'irai pas bien. Oui,je réalise encore un peu plus chaque jour. Oui c'est mon papa à moi.. Aujourd'hui, je ne vais pas bien, j'ai des problèmes.En temps normal, je t'aurais appelé toi, mais me voila raconter ma vie,ma douleur, à des inconnus.
Aujourd'hui, le 24 Juin, la fête de l'armée.. un jour spécial, en ce jour la depuis 99 tu attendais ta promotion, et depuis 12 ans, t'étais déçu, tu gardais ton amertume au fin fond de toi.. Mais malgré tout, tu aimais ce pays, cette armée dans laquelle tu as servi pendant 37 ans, de jour comme de nuit, et t'as jamais fait d'amalgame entre cette institution et les généraux .. l'armée se rappellera de toi, tes livres et publications leurs rappeleront qui tu fus, j’espère que la Tunisie le fera aussi.
Moi, je m'en rappelle chaque jour, chaque seconde, peut importe ce que je fais , je me rappelle de quelque chose que tu me reprochait, moi l'enfant-ado-adulte difficile, aujourd'hui c'était ton "koul bel 5obz" à table..
J'ai toujours fait en sorte de te faire chier, mais j’espérais te rendre fier de moi..
Je me rappelle quand j'ai trouvé le journal d'un parti de l’opposition parlant de moi, de nhar 3la 3ammar dans la voiture, j'étais si content, j’espérais que tu allais être.
Un pere comme toi, n'a pas le droit de mourir avant son fils aîné.. Tellement de succés que je voulais partager avec toi...
Notre relation n'a pas toujours était facile, mais la tendresse que j'avais du mal a t'exprimer, j'avais plus de facilité de l'assumer avec ton père à toi, allah Yar7mou, et au fond de moi, j'esperais que Youssef ferais pareil avec toi.. t'es parti avant qu'il puisse le faire.
Il t'a reconnu sur la photo d'un journal.
Et quand on lui demande que disait papi? il répondait "haha haha"
Bref, ce n'est qu'un billet sur un blog après tout, ou un fils parle à son papa, le jour de la fête de l'armée.
Papa, d'ailleurs, je t'appelais pas comme ça, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, peut être la mort a réussi à tisser entre nous des liens que la vie n'a pas réussi à tisser.
Ta tombe me manque, depuis le temps que je suis en Europe, je reviens bientot, et comme chaque fois que je venais, j'ai beaucoup de choses à te dire.. Oui oui, des betises que j'ai encore fait, comme d'hab quoi!
T'es plus la, la Tunisie ne vas pas mieux depuis.. on est un peuple qui oublie, mais moi je n’oubliais pas
pour une fois, un 24 Juin, tu n'auras pas d'amertume, tu l'as eu ton grade , tu l'as mérité, et aucun ego d'un général qui n'accepte pas qu'un colonel , fils de paysan, venu du fin fond de Jbal West , qui paye ses vingnettes de voiture lui apprenne l'art de la gestion militaire.
Un 24 Juin, ou tu te coucheras pas tôt. J’espère qu'au Paradis y'a les livres que tu aime, les livres que je te volais depuis que je sais lire.
Un 24 Juin, ou toute l'armée parlera de toi, de ton sacrifice, de ton choix de t'aventurer seul, sans attendre le renfort, pour éviter des morts parmi les civils.
Un 24 Juin, ou toute l'armée parlera de toi, comment t'as choisi de donner une derniere sommation à celui qui t'as tué, dans une dernière tentative pour ne pas verser du sang tunisien.
Un 24 Juin, ou l'armée dira que t’étais seul, seul face a la mort, seul pour protéger un drapeau, seul pour recuperer le corps de l'héro Walid Hajji, que personne n'a osé aller chercher.. tu n'abandonne pas tes hommes, toi qui -normalement- devrait être à l'abri.
Un 24 Juin, pas comme les autres pour toi, pour moi, pour l'armée.
Les militaires, les fils de militaires comprendront mieux que les autres, mais quelle importance, personne ne comprendras vraiment.. même pas moi..
Je ne réalise toujours pas que t'es parti, j'attends toujours qu'on me réveille.
Tout ceux qui ont perdu un père pensent que ce que je sens et noraml, je les comprends, ils ne te connaissent pas..
Ils connaissent pas le Colonel qui passe samedi, dimanche en famille, entouré des siens.
Ils ne connaissent pas ta face tendre, compréhensive, émotive.
Ils ne connaissent pas ta face de grand enfant.
Ils ne connaissent pas l'Homme qui mange avec ses soldats, qui dort avec ses soldats, qui ne se cache pas derrière les étoiles de son grade.
Ils ne connaissent pas le Papa qui a appris a son fils aîné qu'il faut respecter la loi, surtout parce qu'on a un père militaire.
je sais pas quoi dire, quoi écrire.
je m'en fous de toute façon.
C'est un 24 Juin, et il fallait que je te parle.
Voila que c'est fait.
Ah papa, l'injustice que t'as subi, ta mort, n'a pas amélioré les conditions de l'armée, ils n'ont toujours pas de gillet par balle a Rouheya, et les autres dans ton cas, n'ont pas eu leur grade..
rabi yar7mek,w ysame7ni, w ysame7hom, w ysam7na.
7ata ken nssew el kol, ena me nanssech.. ena me nanssech ye Si Taher.
kol 24 Juin w enti nejmet 3asker Touness.
Al Jaychou Souron lel Watan.
W enti Zina eli 3le hek sour.
Mais on s'en fou, t'étais mon père, et je suis perdu.. j'ai besoin de toi..
Rabi yar7mek, w yar7amna ba3dek.
Inchalah je te rendrai fier de moi, comme tu l'as fait, kima dalaldtna w enti 7ay, w dalaltna w enti mayet
Namoutou Namoutou w ya7Ya al watan.
Dans une prochaine vie, papa, j'aimerais te reprendre comme père .. [Bernard werber]
السبت، 25 يونيو 2011
الثلاثاء، 21 يونيو 2011
Ce soir, j'ai su comment mon père est mort..
Si vous, vous avez oublié, pour vous ce n'était qu'un fait divers ou une occasion pour une enchere politique, moi il était mon père. Si pour vous chaque jour qui passe vous oubliez encore un peu, moi chaque jour je réalise encore plus.
Aujourd'hui, j'ai su et eu la confirmation comment est mort mon pere, comment il a preferé mourir pour défendre des civils et ne pas attendre les renforts, comment il ne s'est pas caché derrière les lignes et est parti seul, oui seul, devant les regards de ses subordonnés qu'il a preferé ne pas exposer et les civils qu'il a protégé. Seul sous les balles de deux "terroristes" super entrainés, super équipés, pour récupérer le corps de Walid Hajji Allah yar7mou, comment il a préféré mourrir que de tuer le deuxieme "terroriste" (il a mis le premier hors état de nuire) Oui, il était à 3 metres du deuxième "terroriste" et au lieu de lui mettre une balle dans la tête quand il le pouvait, il lui a donné un avertissement, un dernier, toujours seul, pendant que les autres regardaient , les autres aux quels il a interdit d'approcher pour les protéger. Le "terroriste" à fait semblant de se rendre et a profité de la volonté de Taher Ayari d'éviter de verser du sang tunisien, même le sang d'un criminel, pour lui tirer une balle.
Une balle qui l'a traversé, traversé le foie, les intestins du Colonel.
Oui, aujourd'hui j'ai su.
Oui, aujourd'hui je peux commencer mon deuil.
Oui, aujourd'hui en Europe, j'ai vu un expert balistique qui m'a couté une fortune, pour me confirmer que la balle n'était pas de dos.
Oui, je l'ai su suite à ma propre enquête, l’enquête de la famille, car le ministere de la defense n'a pas jugé utile de nous le dire.
Oui, aujourd'hui je réalise que j'ai pas beaucoup de souvenirs avec mon père, il etait souvent absent, il était souvent sur les frontieres, en caserne, sous le drapeau
Oui, aujourd'hui je culpabilise, je commence a regretter, que je l'ai pas mieux connu, que j'etais souvent absent, quand lui pouvait être la, fait assez rare.
Vous savez a quoi ressemble la vie d'un fils de militaire? que chaque année ou deux, une nouvelle ville? que le Aid, le jour de l'an, l’anniversaire, votre père ne soit pas la ?
Mon père a passé 37 ans six mois et 16 jours sous le drapeau, sans se plaindre.
Pendant la révolution, il y'avait une manif, les manifestants voulaient bruler la municipalité, qui était sous sa protection, il avait ordre stricte et clair de ne pas se retirer et de la protéger quelque soit le prix, contre l'ordre, l'obligation, il a pris la magnéto, et a parlé aux manifestants :" cette municipalité est a vous, vous voulez la bruler? faites le, je me retire, mais si demain vous avez besoin d'un acte de naissance, sachez qu'il vous faudra faire 30KM a dos de mule pour descendre a Siliana le chercher" Et il s'est retiré - contre les ordres- et ces mots ont preservé la municipalité , elle n'a pas été brûlée.
Quand j'avais 20 ans, j'ai brûlé un feu, mon permis a été retiré, j'ai demandé a mon père, de me le ramener, oui un vulgaire permis, il m'a répondu :" weli bouh mouch colonel, ech ya3mel"? je suis passé devant un tribunal, et mon permis a été retiré pendant 2 mois, et j'ai plus brulé un feu rouge depuis.
Quand j'avais 21 ans, j'ai eu une discussion avec mon pere, je fumais pas devant lui jusqu'a sa mort, mais cette fois, l'unique fois, on a fumé deux cigarettes ensemble, moi je pleurait, aux sanglots, lui, le dure, l'homme militaire, celui qui fasait peur, pleurait aussi, aux sanglots..
Oui, ce billet ne suis pas un ordre chronologique, ne veut rien dire, je ne fais qu'écrire.
Oui, je culpabilise, je culpabilise parce que j'ai pas su ou pu montrer mon amour a mon père, je faisait en sorte de le faire chier, de le contredire , d'argumenter pendant des heures juste pour le faire chier, et quand j'en faisait trop, vraiment trop trop, il me disait Allah yar7mou :" c'est de ma faute, quand t'étais a l'age ou les parents disaient a leurs enfants, "saker fomek", moi je te disais, parle, exprime toi, dis le.."
Je me rappelle des tres longues promenades quand j'avais 5 ou 6 ans a l’académie militaire de Fondek Jdid, ou il m'apprenait la marque de chaque voiture qui passait, et les longues heures pendant lesquelles je lui demandait le noms des animaux dans le dictionnaire , je me lasait pas de demander, il ne se lassait pas de répondre..
Je me rappelle de toutes ces problèmes.. car j'étais un enfant, un ados un jeune adulte a problèmes ... Et qu'il a supporté...
Oui, je me rappelle de ces pros des lois militaires, qui connaissent l'armée tunisienne, les stratégies, qui connaissent tout, qui nous ont torturé, nous, la famille, avec ces histoires, avec leurs théories sur l’exécution de mon père, sa mort programmée, qui n'ont pas respecté une famille, un père, un homme qui s'est sacrifié pour protéger des civils, (des civils qui sont sorti faire face aux "terroristes" avec des pelles pensant qu'ils étaient comme les autres), qui ont fait des articles, des videos, et ont utilisé sa mort, sa vie, pour collecter quelques "j'aime" sur Facebook.
Oui, ces propos m'ont poussé à consulter un expert balistique, et son rapport, je viens de le voir y'a quelques minutes dans ma boite email.
Oui, mon père avait des problèmes avec Rchid Ammar, avec Ben Hssine, avec Abdlaziz Ben Dhya
Oui, l'armée, les généraux, la Tunisie étaient injustes envers Taher Ayari, dans sa vie, et dans sa mort.
Oui, l'armée, le gouvernement, étaient très injustes envers Taher Ayari, un jour peut etre j'en parlerai, de toute cette humiliation que l'armée, le gouvernement, la Tunisie lui ont infligé.
Oui, mon père est au même grade que Farhat Hached, Mosbeh Jarbou3 et les autres, malgré lui, malgré moi, malgré tout le monde.
Oui, on a essayé de tout prendre de mon père: la gloire de la mort, la gloire qu'il a payé par son sang, qu'on a essayé d'utiliser, même mort, politiquement, ou pour régler des comptes
Oui, les simples tunisiens, monsieur tout le monde, les gens que je trouve chaque fois autour de sa tombe, des gens que je ne connais pas, sans les caméras, sans se positionner en analystes politiques qui savent tout, en train de lire "fet7a", ces gens lui ont rendu cet hommage
.
Oui, même à 30 ans, on se sent orphelins.
Oui, quand j'ai appris que mon père à été tué, j'ai senti que "thahri te9ssem".
Oui, rien ne remplacera mon père.
Oui, j'en veux a tout ceux qui ont un père.
Oui, pour l'état, mon père n'est pas un martyr de la révolution, il a juste eu un accident de travail.
Oui, ce soir j'ai mal, très mal, trop mal pour pouvoir le garder pour moi seul.
Oui, je sent l'inutilité de son sacrifice, quand je vois que ça n'a rien changé , que c'était inutile, que ça n'a servi qu'a installer une amertume, une tristesse, un mélange inexpliqué, bizarre, dans les coeurs, les yeux, d'une famille, pas plus.. On l'oublie, ce n'était qu'un fait divers après tout..
Oui, ce soir je pleure, à l’intérieur, je commence à realiser, je n'arrive même pas a libérer mes larmes.
Oui, mon père est mort une deuxième fois ce soir, il mourra chaque fois que je fermerais les yeux et je me souviens d'un bout de souvenir avec lui, et je réalise que les souvenirs j'en ai pas beaucoup.
Oui, mon père est mort, mais il sera mort chaque fois que je me rappellerai que ça n'a rien changé.
Oui, mon père est mort, mais il sera mort chaque fois que je me rappellerai que je suis orphelin, que mon dos est nu, et je me le rappelle avec chaque seconde qui passe.
Oui, aujourd'hui j'ai su comment mon père est mort, j’écoute la chanson Abou Yassine.
Oui, je sais comment mon père est mort.. mais je ne sais toujours pas qui l'a tué..
Mais ça, c'est une autre brûlure, une autre blessure, d'autres larmes..
Oui, ce soir, il est mort.. et comme chaque soir ce soir vous n'y pensez pas.. Ce soir, il est encore mort, et comme chaque soir, je ne penserais qu'a ça...
Bonne nuit papa.
منذ استشهاد الرّائد محمد البجاوي في معركة بنزرت اثر قصف جوّي في جويلية 1961, يعتبر الطّاهر العيّاري ثاني ضابط سامي يستشهد في تاريخ القوات المسلّحة والجيش الوطني و اعلاهم رتبة على الاطلاق و اّول ضابط سامي يستشهد في قتال مسلّح مباشر في تاريخ تونس
Aujourd'hui, j'ai su et eu la confirmation comment est mort mon pere, comment il a preferé mourir pour défendre des civils et ne pas attendre les renforts, comment il ne s'est pas caché derrière les lignes et est parti seul, oui seul, devant les regards de ses subordonnés qu'il a preferé ne pas exposer et les civils qu'il a protégé. Seul sous les balles de deux "terroristes" super entrainés, super équipés, pour récupérer le corps de Walid Hajji Allah yar7mou, comment il a préféré mourrir que de tuer le deuxieme "terroriste" (il a mis le premier hors état de nuire) Oui, il était à 3 metres du deuxième "terroriste" et au lieu de lui mettre une balle dans la tête quand il le pouvait, il lui a donné un avertissement, un dernier, toujours seul, pendant que les autres regardaient , les autres aux quels il a interdit d'approcher pour les protéger. Le "terroriste" à fait semblant de se rendre et a profité de la volonté de Taher Ayari d'éviter de verser du sang tunisien, même le sang d'un criminel, pour lui tirer une balle.
Une balle qui l'a traversé, traversé le foie, les intestins du Colonel.
Oui, aujourd'hui j'ai su.
Oui, aujourd'hui je peux commencer mon deuil.
Oui, aujourd'hui en Europe, j'ai vu un expert balistique qui m'a couté une fortune, pour me confirmer que la balle n'était pas de dos.
Oui, je l'ai su suite à ma propre enquête, l’enquête de la famille, car le ministere de la defense n'a pas jugé utile de nous le dire.
Oui, aujourd'hui je réalise que j'ai pas beaucoup de souvenirs avec mon père, il etait souvent absent, il était souvent sur les frontieres, en caserne, sous le drapeau
Oui, aujourd'hui je culpabilise, je commence a regretter, que je l'ai pas mieux connu, que j'etais souvent absent, quand lui pouvait être la, fait assez rare.
Vous savez a quoi ressemble la vie d'un fils de militaire? que chaque année ou deux, une nouvelle ville? que le Aid, le jour de l'an, l’anniversaire, votre père ne soit pas la ?
Mon père a passé 37 ans six mois et 16 jours sous le drapeau, sans se plaindre.
Pendant la révolution, il y'avait une manif, les manifestants voulaient bruler la municipalité, qui était sous sa protection, il avait ordre stricte et clair de ne pas se retirer et de la protéger quelque soit le prix, contre l'ordre, l'obligation, il a pris la magnéto, et a parlé aux manifestants :" cette municipalité est a vous, vous voulez la bruler? faites le, je me retire, mais si demain vous avez besoin d'un acte de naissance, sachez qu'il vous faudra faire 30KM a dos de mule pour descendre a Siliana le chercher" Et il s'est retiré - contre les ordres- et ces mots ont preservé la municipalité , elle n'a pas été brûlée.
Quand j'avais 20 ans, j'ai brûlé un feu, mon permis a été retiré, j'ai demandé a mon père, de me le ramener, oui un vulgaire permis, il m'a répondu :" weli bouh mouch colonel, ech ya3mel"? je suis passé devant un tribunal, et mon permis a été retiré pendant 2 mois, et j'ai plus brulé un feu rouge depuis.
Quand j'avais 21 ans, j'ai eu une discussion avec mon pere, je fumais pas devant lui jusqu'a sa mort, mais cette fois, l'unique fois, on a fumé deux cigarettes ensemble, moi je pleurait, aux sanglots, lui, le dure, l'homme militaire, celui qui fasait peur, pleurait aussi, aux sanglots..
Oui, ce billet ne suis pas un ordre chronologique, ne veut rien dire, je ne fais qu'écrire.
Oui, je culpabilise, je culpabilise parce que j'ai pas su ou pu montrer mon amour a mon père, je faisait en sorte de le faire chier, de le contredire , d'argumenter pendant des heures juste pour le faire chier, et quand j'en faisait trop, vraiment trop trop, il me disait Allah yar7mou :" c'est de ma faute, quand t'étais a l'age ou les parents disaient a leurs enfants, "saker fomek", moi je te disais, parle, exprime toi, dis le.."
Je me rappelle des tres longues promenades quand j'avais 5 ou 6 ans a l’académie militaire de Fondek Jdid, ou il m'apprenait la marque de chaque voiture qui passait, et les longues heures pendant lesquelles je lui demandait le noms des animaux dans le dictionnaire , je me lasait pas de demander, il ne se lassait pas de répondre..
Je me rappelle de toutes ces problèmes.. car j'étais un enfant, un ados un jeune adulte a problèmes ... Et qu'il a supporté...
Oui, je me rappelle de ces pros des lois militaires, qui connaissent l'armée tunisienne, les stratégies, qui connaissent tout, qui nous ont torturé, nous, la famille, avec ces histoires, avec leurs théories sur l’exécution de mon père, sa mort programmée, qui n'ont pas respecté une famille, un père, un homme qui s'est sacrifié pour protéger des civils, (des civils qui sont sorti faire face aux "terroristes" avec des pelles pensant qu'ils étaient comme les autres), qui ont fait des articles, des videos, et ont utilisé sa mort, sa vie, pour collecter quelques "j'aime" sur Facebook.
Oui, ces propos m'ont poussé à consulter un expert balistique, et son rapport, je viens de le voir y'a quelques minutes dans ma boite email.
Oui, mon père avait des problèmes avec Rchid Ammar, avec Ben Hssine, avec Abdlaziz Ben Dhya
Oui, l'armée, les généraux, la Tunisie étaient injustes envers Taher Ayari, dans sa vie, et dans sa mort.
Oui, l'armée, le gouvernement, étaient très injustes envers Taher Ayari, un jour peut etre j'en parlerai, de toute cette humiliation que l'armée, le gouvernement, la Tunisie lui ont infligé.
Oui, mon père est au même grade que Farhat Hached, Mosbeh Jarbou3 et les autres, malgré lui, malgré moi, malgré tout le monde.
Oui, on a essayé de tout prendre de mon père: la gloire de la mort, la gloire qu'il a payé par son sang, qu'on a essayé d'utiliser, même mort, politiquement, ou pour régler des comptes
Oui, les simples tunisiens, monsieur tout le monde, les gens que je trouve chaque fois autour de sa tombe, des gens que je ne connais pas, sans les caméras, sans se positionner en analystes politiques qui savent tout, en train de lire "fet7a", ces gens lui ont rendu cet hommage
.
Oui, quand j'ai appris que mon père à été tué, j'ai senti que "thahri te9ssem".
Oui, rien ne remplacera mon père.
Oui, j'en veux a tout ceux qui ont un père.
Oui, pour l'état, mon père n'est pas un martyr de la révolution, il a juste eu un accident de travail.
Oui, ce soir j'ai mal, très mal, trop mal pour pouvoir le garder pour moi seul.
Oui, je sent l'inutilité de son sacrifice, quand je vois que ça n'a rien changé , que c'était inutile, que ça n'a servi qu'a installer une amertume, une tristesse, un mélange inexpliqué, bizarre, dans les coeurs, les yeux, d'une famille, pas plus.. On l'oublie, ce n'était qu'un fait divers après tout..
Oui, ce soir je pleure, à l’intérieur, je commence à realiser, je n'arrive même pas a libérer mes larmes.
Oui, mon père est mort une deuxième fois ce soir, il mourra chaque fois que je fermerais les yeux et je me souviens d'un bout de souvenir avec lui, et je réalise que les souvenirs j'en ai pas beaucoup.
Oui, mon père est mort, mais il sera mort chaque fois que je me rappellerai que ça n'a rien changé.
Oui, mon père est mort, mais il sera mort chaque fois que je me rappellerai que je suis orphelin, que mon dos est nu, et je me le rappelle avec chaque seconde qui passe.
Oui, aujourd'hui j'ai su comment mon père est mort, j’écoute la chanson Abou Yassine.
Oui, je sais comment mon père est mort.. mais je ne sais toujours pas qui l'a tué..
Mais ça, c'est une autre brûlure, une autre blessure, d'autres larmes..
Oui, ce soir, il est mort.. et comme chaque soir ce soir vous n'y pensez pas.. Ce soir, il est encore mort, et comme chaque soir, je ne penserais qu'a ça...
Bonne nuit papa.
منذ استشهاد الرّائد محمد البجاوي في معركة بنزرت اثر قصف جوّي في جويلية 1961, يعتبر الطّاهر العيّاري ثاني ضابط سامي يستشهد في تاريخ القوات المسلّحة والجيش الوطني و اعلاهم رتبة على الاطلاق و اّول ضابط سامي يستشهد في قتال مسلّح مباشر في تاريخ تونس